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Quête de sens, pénurie de candidats, diversité & inclusion… le mentorat : un outil RH puissant
Publié le 08.02.2023
Pouvez-vous nous présenter Article1 ?
Article 1 est une association d’intérêt général issue d’une fusion au 1er janvier 2018 entre Frateli et Passeport avenir, qui œuvre en faveur des jeunes issus de milieux populaires pour que l’orientation, la réussite dans les études et l’insertion professionnelle ne dépendent plus des origines sociales, économiques ou culturelles.

Ce nom, Article 1, fait référence à l’article premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits […] Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. ». Cet article fonde l’égalité des chances. L’idée est de permettre une liberté réelle, pour chacun, de construire son parcours selon son talent, son travail et ses aspirations. De plus, le collectif doit être au cœur de la réussite et de la reconnaissance sociale. Ce sont ces convictions que porte Article 1.

Nous souhaitons permettre une égalité des chances réelle du lycée à l’insertion professionnelle et, cela nous tient à cœur, promouvons une vision équilibrée de la réussite entre accomplissement personnel et engagement sociétal.

Pourquoi avez-vous créé un programme de mentorat ?
La France est un des pays développés où le diplôme des parents conditionne le plus fortement la réussite de leurs enfants. Autrement dit, à niveau équivalent, les lycéens issus de milieux populaires ont une propension nettement inférieure à faire le choix des études supérieures. Selon nous, cela a pour conséquence un gâchis des talents, un conformisme important à tous les niveaux et surtout un sentiment d’injustice qui mine notre contrat social. Le mentorat est une solution efficace pour lutter contre cela.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse du programme de mentorat, dema1n.org ?
Le grand tournant à l’origine de ce programme a été la crise du COVID en 2020. Dès que les établissements scolaires ont fermé, notre Président, Boris Walbaum et la FAGE – Fédération des Associations Générales Etudiantes ont créé #RéussiteVirale, un programme de mentorat d’urgence pour accompagner tous ces étudiants et surtout ceux qu’Article 1 accompagnait déjà pour les aider à passer cette crise et ce confinement.

Cela a permis d’enclencher très vite une dynamique de changement d’échelle et de ciblage de notre mentorat : à l’époque nous accompagnions environ 2000 jeunes et Réussite Virale a généré un engouement très rapide pour le mentorat : les jeunes étaient confinés chez eux, n’avaient parfois pas accès à un ordinateur pour suivre les cours et, en parallèle, un besoin très fort de s’engager bénévolement a émergé en France. Nous avons donc croisé deux besoins, ce qui a fait le succès de notre plateforme : 3000 jeunes se sont inscrits en très peu de temps.

Cette expérience nous a permis de renforcer nos convictions : 

  • Nous sommes en mesure de proposer un programme de mentorat pertinent dès le lycée ;
  • Le mentorat peut se démocratiser en France, à grande échelle ;
  • Le digital est un moyen de massifier mais ça ne fait pas tout car nous avons un besoin de créer des communautés, du lien et de faire des ateliers
Comment puis-je m’inscrire au programme DEMA1N.org en tant que mentor ou mentoré ?
Le programme est gratuit et accessible à tout le monde.

Pour les mentorés, la plateforme est ouverte à tous les jeunes de 16 à 25 ans qui sont scolarisés. Ils répondent à un questionnaire d’inscription pour identifier leur(s) besoin(s) et les filières dans lesquelles ils se trouvent. 

Si on est mentor, c’est la même démarche, la même plateforme. Derrière, nous avons mis au point un algorithme de matching qui s’attache à faire correspondre des parcours. Ainsi, l’algorithme propose au mentoré le meilleur profil, adapté à sa situation.

Est-ce que cela signifie que le matching est 100% digitalisé ?
Nous pourrions avoir des matchings automatiques mais nous nous sommes rendu compte qu’une intervention humaine est nécessaire. Pour un jeune, plusieurs profils sont identifiés par l’algorithme. Aussi, nous avons 50 Chargés de déploiement du mentorat qui vérifient la cohérence entre les profils du binôme mentor/mentoré et qui identifient le profil de mentor le plus approprié en fonction du besoin identifié par le jeune.

Par ailleurs, nous effectuons des contrôles à intervalles réguliers (tous les 3 mois) auprès du jeune et du mentor pour nous assurer que tout se passe bien et savoir s’ils sont toujours en relation ou pas. Cela peut durer jusqu’à la fin de scolarité du jeune.

Combien de mises en relations effectuez-vous chaque année ?
Nous avons l’objectif de faire, d’ici la fin de l’année scolaire, 40 000 mises en relation. Actuellement, nous sommes autour de 24 000 en janvier, ce qui laisse à penser que nous allons atteindre cet objectif. L’année dernière nous avons formé 20 000 binômes mentor/mentoré.
Y a-t-il des profils-type de mentors ? Et de mentorés ?
Il n’y a pas de profil type. Toutefois, il faut prendre en compte le fait qu’Article 1 ne s’adresse pas aux jeunes en décrochage scolaire, nous sommes plutôt sur des publics à potentiel, des étudiants qui souhaitent faire des études longues pour la plupart, qui ont un besoin de départ lié à l’insertion professionnelle, à l’organisation, la réussite des études et l’accompagnement à la vie étudiante.

Pour les mentors, ce sont principalement des personnes en activité. En effet, le mentorat permet un engagement assez flexible, estimé à trois heures par mois, compatible avec une activité professionnelle. De plus, le format de la relation est au choix du mentor (téléphone, visio, SMS, présentiel quand cela est possible…). Il est important de rappeler que tout le monde peut être mentor.

Avez-vous créé des partenariats avec des entreprises dans le cadre du programme ?
Nous avons 90 entreprises partenaires du programme de mentorat. Ce sont des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, qui se mobilisent à différents degrés : soutien financier et/ou apport de salariés mentors.
Pourquoi les entreprises s’engagent-elles dans le programme ?
Ce sont, au départ, des entreprises qui ont une sensibilité à l’insertion et à l’égalité des chances. Elles souhaitent soutenir une association et proposer à leurs collaborateurs de s’engager dans un projet sociétal en devenant mentor ou même animateurs sur des événements.

Les entreprises souhaitent aussi faire du lien avec la jeunesse et avoir une plus grande diversité de profils dans leurs recrutements. En participant à un programme de mentorat, elles contribuent à changer les visages de la réussite et les jeunes qu’elles accompagnent sont de futurs collaborateurs qu’elles intégreront. Par ailleurs, cet investissement des entreprises influe sur leur marque employeur et renforce leur attractivité.

Enfin, certaines entreprises s’appuient sur le programme de mentorat pour ajouter des compétences et même les valoriser pendant l’entretien annuel d’évaluation. En effet, le mentor mobilise, par exemple, des compétences d’adaptabilité, de pédagogie, de curiosité, d’animation de groupe…

Quels sont les bénéfices pour les collaborateurs mentors ?
À travers les différents degrés d’implication : mentorat, animation d’ateliers… les collaborateurs acquièrent des soft skills qui peuvent leur servir au travail. De plus, cela les fait sortir de leur quotidien et contribue à améliorer la qualité de vie au travail de salariés en quête de sens. Participer à un programme de mentorat a également un effet fédérateur pour les salariés qui partagent cette expérience : ils partagent une mission, peuvent échanger sur d’autres thématiques que le travail…