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Interview de Christine SAENZ DE CABEZON Directrice RSE chez – Euralis
Publié le 23.11.2022
Dans un contexte de fortes attentes de ses parties prenantes internes (collaborateurs, associés coopérateurs) et externes (consommateurs, partenaires institutionnels, économiques, …) le Groupe coopératif agricole et agroalimentaire Euralis envisage la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) comme une opportunité pour repenser ses pratiques et engager les transformations nécessaires dans ses différentes activités. Christine SAENZ DE CABEZON, Directrice RSE, partage les convictions qui guident la stratégie du Groupe Euralis.
Quelles sont vos convictions RSE ?
La structure coopérative d’Euralis lui confère un fonctionnement spécifique qui s’articule entre une gouvernance élective (un conseil d’administration composé d’agriculteurs associés coopérateurs élus sur leurs territoires) et une gouvernance opérationnelle (les salariés du Groupe). Ces deux gouvernances se sont emparées conjointement des sujets d’engagement RSE qui poussent à atteindre l’excellence en termes d’économie durable. L’idée n’est pas de faire de la RSE pour la RSE ; nous tomberions alors certainement dans des actions de greenwashing. Il faut que la stratégie RSE soit pleinement intégrée à la stratégie business du Groupe et que chaque action mise en œuvre permette d’attribuer un revenu permanent et optimisé à nos associés coopérateurs tout en garantissant la continuité de l’activité de l’ensemble de nos pôles.

En termes de démarche, nous avons tenu à avoir une approche collaborative afin de partager le sens aux collaborateurs et de garantir l’adhésion et l’implication du plus grand nombre.

Comment la RSE s’inscrit-elle dans la stratégie de l’entreprise ?
Afin de garantir la prise en compte des évolutions du monde et l’adaptation de notre stratégie le plus rapidement et le plus efficacement possible, nous avons recensé l’ensemble des enjeux (internes et externes) auxquels nous sommes confrontés du fait de notre activité. Ces enjeux ont été retranscrits dans un document unique central : une matrice de matérialité qui est régulièrement mise à jour.

Notre stratégie RSE se veut pleinement intégrée à la stratégie business du Groupe. C’est pour cela qu’elle a été pensée dans le respect de nos trois vocations.

La première vocation de notre Groupe est de proposer une agriculture nourricière qui s’appuie sur notre capacité de production, évidemment, mais aussi notre capacité à servir l’économie des territoires sur lesquels nous sommes présents et à contribuer à la souveraineté alimentaire des pays.

Notre deuxième vocation est de développer un écosystème socialement responsable. Elle concerne le volet social de notre stratégie et vise à répondre aux attentes de nos collaborateurs actuels et futurs d’une part et aux attentes sociétales d’autre part. Ainsi, le Groupe Euralis s’est emparé de la question du bien-être animal. Nous avons rédigé une charte et établi une feuille de route associée pour tendre vers de nouveaux modèles d’élevages plus vertueux. En termes de mise en œuvre opérationnelle, nous pouvons citer comme exemples l’installation de caméras dans les zones stratégiques des abattoirs ou encore la phase de test en cours sur des élevages pilotes pour proposer des aménagements sur les parcours des animaux qui leur permettent d’exprimer pleinement leurs besoins naturels.

Enfin, notre troisième vocation est de positionner notre Groupe sur la production d’énergie. Ainsi, nous avons créé la filière Eurasolis qui a pour vocation de produire des énergies renouvelables (EnR) soit chez les agriculteurs, par la mise en relation avec des équipementiers qui installent des panneaux photovoltaïques sur leurs bâtiments, soit directement sur nos sites pour favoriser l’autoconsommation. A ce titre, le Groupe s’est fixé un objectif ambitieux : couvrir 20% de sa consommation énergétique par l’installation d’outils de productions d’EnR à horizon 2030.

Ce modèle tient à cœur à Christophe Congues, Président du Groupe EURALIS, à l’image de ce qu’on retrouve en Allemagne où les agriculteurs disposent aujourd’hui d’un véritable revenu additionnel via la production d’énergie renouvelable sur leurs exploitations.

Quelle gouvernance avez-vous mise en place pour piloter la RSE au sein de votre entreprise ?
Notre Direction RSE est composée de 5 collaborateurs qui travaillent à la fois sur la définition stratégique de la démarche et sa mise en œuvre conformément aux trajectoires que nous nous sommes fixées. Notre enjeu est d’accompagner chaque pôle et chaque filière du Groupe afin d’ancrer la stratégie dans la durée et de garantir l’excellence de la démarche qualité des activités. Nous pouvons voir notre rôle au quotidien comme une forme de management qui implique de reconnecter enjeux, ambitions, trajectoires, fixation et suivi des KPIs dans une logique d’amélioration permanente.

En matière d’animation de la gouvernance, il existe 3 comités distincts et complémentaires :

  • Le comité stratégique RSE qui propose les axes stratégiques et leurs éventuelles révisions, émet des recommandations sur la base de l’analyse des KPIs, propose les projets majeurs à lancer, renforcer ou arrêter et s’assure que les décisions prises en matière de RSE du Groupe soient en phase avec les engagements définis et validés dans la Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) conformément au projet global.
  • Le comité coordination RSE coordonne les orientations RSE au niveau des activités en fonction de leurs spécificités et des évolutions règlementaires. Il est par ailleurs garant de l’embarquement de l’ensemble des collaborateurs dans la démarche.
  • Le comité opérationnel RSE, coordonné par un membre de la Direction RSE, est impliqué dans l’élaboration annuelle de la DPEF et contribue à établir les scorecards de suivi des KPIs et les reportings.
Quelle(s) transformation(s) culturelle(s), organisationnelle(s), managériale(s) cela suppose-t-il pour votre entreprise ?
Les impacts de la RSE sont nombreux. A titre d’exemple, l’une de nos trajectoires pour 2025 concerne la montée en compétences de l’ensemble de nos collaborateurs. Aussi, nous avons changé notre approche de la formation et proposons désormais des formations certifiantes ou qualifiantes. Bien entendu ces formations visent à servir les intérêts du Groupe, mais elles sont aussi valorisables par les collaborateurs pour eux-mêmes dans leurs parcours de carrières.

Autre exemple, la trajectoire « diversité et mixité » vise à favoriser l’accès des femmes aux postes de direction. Ainsi, nous sommes dans une démarche de féminisation de notre Conseil d’Administration afin qu’il soit représentatif de la sociologie de l’agriculture sur nos territoires (soit environ 20 % de femmes). De la même manière, nous nous sommes fixés l’objectif d’atteindre 45% de femmes dans l’ensemble de nos Comités de Direction à horizon 2030.

Comment la RSE est-elle perçue par vos collaborateurs et comment les embarquez-vous dans vos démarches ?
L’engagement à impact positif de notre Groupe est une attente forte de nos collaborateurs. Nous devons donc continuer à informer, à expliquer notre démarche et à partager le sens de nos actions.

En matière de mobilisation, je me rends compte que les collaborateurs sont particulièrement mobilisés par les démarches solidaires que nous proposons. Ces événements concrets et incarnés ont un réel impact auprès des collaborateurs, cela leur donne du sens. A titre d’exemples, le 17 septembre dernier une cinquantaine de collaborateurs s’est mobilisée, en famille, pour collecter les déchets aux abords de la rivière sur la commune de Lescar (64), où Euralis à son siège, en collaboration avec les services  de la ville. Dans le cadre d’Octobre rose, des marches solidaires ont par ailleurs été organisées sur 3 sites du Groupe en France, et une cagnotte créée (sur laquelle Euralis a abondé d’une somme équivalente à celles des collaborateurs marcheurs) au bénéfice de la Ligue contre le cancer

Par ailleurs, la tenue de ces événements participe à améliorer la qualité de vie au travail, c’est un levier de motivation puissant.

Quels premiers succès pouvez-vous nous partager ?
Au cours de l’année 2022, le Groupe Euralis a fait son premier financement à impact. Aujourd’hui, peu d’entreprises se sont engagées dans ce type d’actions fortes et nous tenions, en tant que coopérative, à faire partie des premières.

Pour ce faire, nous avons indexé aux conditions 3 indicateurs de mesure : la diminution des accidents du travail, l’évolution des pratiques d’élevage pour la filière palmipèdes avec pour objectif une amélioration du bien-être animal et l’augmentation des hectares cultivés en certification durable. Un quatrième indicateur sera indexé prochainement : celui de la mixité.